Voici une pure merveille pour les oreilles, le cœur et pour l’âme que Le Vatican avait interdit de reproduire ou de diffuser afin d’en préserver le caractère unique, sous peine d’excommunication. Pas moins.
Qui est Gregorio Allegri ?
Fils d’un cocher romain, Gregorio Allegri est considéré comme l’un des compositeurs les plus importants de son temps. En 1638, il écrit le très célèbre Miserere que l’on continue à chanter chaque année à la Chapelle Sixtine pendant la Semaine sainte. Ce psaume 50 est un hymne que le pécheur repentant adresse au Dieu de miséricorde. Il fut chanté à Rome, le Vendredi saint 12 avril 1639, lors de la messe de l’Office des Ténèbres, a capella car les instruments sont interdits à cette période liturgique. J’imagine parfaitement l’émotion qui a du s’emparer des cardinaux et du pape Urbain VIII. Neuf voix réparties en deux formations de quatre et cinq voix chantent cette polyphonie, des voix angéliques, suraiguës dont nous sommes sures qu’elles montent inéluctablement vers le Ciel. Et avec le cadre de la chapelle Sixtine, son acoustique.. Le chœur du Vatican avait très certainement réuni tous ses meilleurs chanteurs : castras, altos masculins, barytons et basses.
Ecoutez.
Le Vatican et plus particulièrement le pape Urbain VIII cachait bien soigneusement cette partition pour se la réserver. D’autres sources disent qu’elle avait été interdite car l’Eglise le trouvait trop sensuel. L’empereur Léopold Ier d’Autriche en demanda une copie que le pape ne put refuser. Quoiqu’il en soit, elle parvint jusqu’à nous. Fort heureusement, oserai-je ajouter.
Cette sublime polyphonie est d’autant plus originale qu’elle fut écrite en pleine période baroque où elles n’étaient plus en vogue. La version si souvent jouée du Miserere d’Allegri n’aurait en fait jamais été entendue à la Chapelle Sixtine, car le Miserere était donné au sein d’une autre partition, le Miserere mei Deus de Tommaso Bai, ancien ténor devenu maître de chapelle du Vatican (1713). Même si l’oeuvre originale s’est perdue, il reste le plus connu et enregistré du répertoire baroque.
Merci Mozart pour le Miserere de Allegri
Mozart n’est jamais loin de mes coup-de-cœur musicaux. En 1769, Mozart est en tournée en Italie avec son père, assiste à l’office, le mercredi de la Semaine sainte à la Chapelle Sixtine. Après l’avoir écouté une ou deux fois, il parvint à transcrire les 9 voix de cette extraordinaire polyphonie. Il avait 14 ans. Le brillantissime Mozart fut accusé de vol – Mozart, premier pirate ?- car tout le monde pensait qu’un tel prodige était impossible. Le Miserere obtenu sera publié en 1771 à Londres et l’interdiction papale levée.
L’avez-vous écouté ? Le « contre-ut », ce DO si aiguë est absolument envoûtant, ces voix angéliques, l’alternance de chœurs à 5 et à 4 voix entrecoupés de chœur à une seule voix ajoute du mystère à l’écoute qui transporte. un vrai moment d’éternité.
Il existe une magnifique version enregistrée par l’Ensemble William Byrd en 2000 par le label Naïve/Ambronay. Ce CD intitulé « Miserere ».