Ah ! quelle couverture ! Magnifique.
J’aspire à vous tenter sans divulgâcher. Ce serait tellement regrettable !
Imaginez : Nous sommes en 2224, deux cents ans après le Grand effondrement. La Terre ne compte plus que 10 millions d’habitants (plus de femmes que d’hommes), plusieurs pays et continents ont disparu. Ce monde imaginé par Sophie Loubière est serein, stable, doux, centré sur l’essentiel, sans violence. « 𝐷𝑢 𝑑é𝑗à 𝑣𝑢 » me direz-vous ? Que nenni !
Alors, élucubrez encore un peu : Vous avez un mari archéologue que vous aimez et qui vous aime, deux enfants jeunes adultes, un métier qui emplit votre vie, Hasna et Odette, vos amies d’enfance assez loufoques avec qui vous passez de bons moments, un père aimant (hélas votre mère n’est plus là, ayant fait un autre choix ). Bref, le bonheur tranquille, vous habitez le village n°6. Vous avez la cinquantaine et vous recevez votre avis d’obsolescence, êtes convoquée au grand recyclage. Vous devez laisser votre place à une femme plus fertile !
L’existence des femmes et des hommes se résume à repeupler la planète. Dès la naissance, vous savez – tout le monde le sait au village – que les femmes à cet âge iront au domaine des Hautes-Plaines, un lieu magique pour les « 𝑟𝑒𝑡𝑖𝑟é𝑒𝑠 », dont on ne sait pas grand-chose.
Votre famille, vos amis ? Ils s’adapteront. Maya l’IA et la Gouvernance ont pensé à tout, vous verrez. « 𝑜ℎ, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑗𝑒 𝑠𝑎𝑖𝑠, 𝑐’𝑒𝑠𝑡 𝑆𝑜𝑙𝑒𝑖𝑙 𝑣𝑒𝑟𝑡 » m’objecterez-vous (enfin les plus âgés d’entre vous car ce film date de 1973). Et je vous répondrais encore : non !
J’ai adoré tous les personnages, très attachants, bien campés. Rachel et Keen en particulier. J’ai aimé découvrir les bio-réfrigérateurs, l’aquaponie, le unwashing, le BMH, la stimulation visuelle, le tableau dans les classes où l’apprenant indique son humeur, les étonnantes expériences du cube et des planchettes p 336, l’habitat adapté, le mode de vie… L’auteure a réalisé un travail extraordinaire sur son sujet, on y croit à cette terre de 2024 ! ( elle m’a appris que 90% des inventions citées dans le roman existent déjà.)
N’imaginez pas que ce roman est un ultime plaidoyer féministe. Ce n’est pas un pamphlet militant, égocentré, partisan et écolo. Non, il est plus que cela.
𝑶𝒃𝒔𝒐𝒍è𝒕𝒆 est un roman très émouvant, sensible, réfléchi, inventif, bien écrit, fin et intelligent (j’ai beaucoup aimé le style d’écriture). Beaucoup de chapitres sont très bouleversants. La petite pointe de roman noir a son importance dans la réflexion. J’ai aussi aimé la lenteur du récit.
J’ai apprécié les changements de polices selon les idées développées ou le personnage.
L’amour est partout dans cette lecture futuriste qui n’est pas aussi lisse qu’elle n’y parait. Beaucoup de questionnement à la clé.
Et, toutes les plus de cinquante ans, nous, moi, serions-nous aussi dociles ? Accepterions-nous cette retraite soi-disant dorée ? Accepterions-nous ce sort inconnu et incertain ? Et nos hommes ?
Je vous recommande chaudement ce roman… et pas seulement parce que l’auteure est nancéienne. (J’ai dans ma malle-à-lire le roman d’Agathe Ruga)
Obsolète de Sophie Loubière
528 p – 2024 – Belfond
Un roman qui pose des questions intéressantes.
Même si ce monde de 2224 est doux, empathique….surtout grâce au BMH, la place des femmes n’est pas la bonne