L’histoire de Pétra, une cité retrouvée
Entre mer Rouge et mer Morte, à une altitude de 800 à 1 396 mètres au-dessus du niveau de la mer, cette vaste cité taillée dans la pierre par les Nabatéens, un peuple arabe ingénieux qui s’est établi en Jordanie il y a plus de 2 000 ans – probablement au VIe siècle av. J.-C.- Pétra fut un carrefour stratégique à la jonction des routes du commerce de la soie et des épices, reliant la Chine, l’Inde et l’Arabie méridionale à l’Egypte, la Syrie, la Grèce et Rome. Les Nabatéens firent de Pétra leur capitale, y bâtirent une nécropole exceptionnelle de plus de 800 tombeaux où les visiteurs tombent en pâmoison devant leurs façades sculptées dans la roche.
En 106, peut-être après la mort du dernier roi nabatéen Rabbel II, elle devint romaine : le royaume fut annexé sur l’ordre de l’empereur romain Trajan par Cornelius Palma, gouverneur de Syrie.
Le christianisme s’imposera à Pétra vers le IVe siècle, elle devint alors évêché sous influence byzantine.
De violents tremblements de terre frappent Pétra au V et VI ème siècle, endommageant des monuments, dont le théâtre et les aqueducs. Au cours des premières croisades, après la prise de Jérusalem en 1066, la ville est occupée par Baudouin de Boulogne jusqu’en 1187 lorsque Saladin la conquit.
La cité tombe alors dans l’oubli. Pétra fut révélée au monde occidental en 1812.
Selon la tradition, Pétra serait l’endroit où Moïse, lors de l’Exode du peuple juif d’Égypte, fit jaillir une source d’une pierre en la frappant avec son bâton. Le village proche de Pétra, Wadi Musa qui veut dire « vallée de Moïse» et certains lieux rappellent Moïse.(1)
Pétra, aujourd’hui
Je vous invite à partager ma découverte de la Pétra.
Le chemin est large. A gauche, la voie pour les chevaux ou calèches
Avant d’arriver au Siq, nous passons devant les tombeaux de Gaïa : Le tombeau aux obélisques, dans la partie supérieure.
Le triclinium de Gaïa, dans la partie inférieure. Datés du I° siècle après J.C.
En cette saison les fleurs embellissent encore le site. Les« blocs de Djinns » (djinn signifie « esprit » en arabe), taillées dans de la roche blanche, auraient eu un rôle de tombeaux, abritaient les esprits gardiens de la cité.
Entrée du Siq, ancien lit du wadi Musa – ruisseau de Moïse.
Soldat romain égaré …
Nous cheminons dans le Sîq, espace parfois large d’à peine 2 mètres. Pour pénétrer dans la cité, le promeneur doit emprunter une gorge étroite de plus d’1 kilomètre de long, délimitée de part et d’autre par d’abruptes falaises s’élèvant à plus de 80 mètres.
Reste de Pavage à droite.
Les Nabatéens avaient bloqué le Wadi Musa afin de le canaliser et d’alimenter la ville en eau. Intelligents, les Nabatéens ont utilisé la situation de Petra dans une cuvette entourée de montagnes, pour recueillir les eaux de toute la région par un ingénieux système hydraulique, découvert par des fouilles. Pour ce faire, ils ont creusé dans les falaises des canaux d’irrigation qui alimenteront des citernes, elles aussi creusées dans la roche. Il est à noter que la société nabatéenne étaient égalitaire et dépourvue d’esclaves ( rare à l’époque).
En suivant les méandres du siq. Parfois, une calèche passe à toute allure… Les sabots du cheval résonnant dans l’étroit passage.
Les canyons et falaises de grès jaune, rose, orangé, blanc…
Pétra : πέτρα petra, « rocher » en grec et de son nom sémitique Reqem ou Raqmu « la Bariolée » ce qui est amplement justifié à la vue de ces si riches et variés coloris.
Ces somptueuses couleurs sont dues aux oxydes métalliques : fer pour les rouges, cuivre pour les verts et bleus, zinc pour les blancs et sulfures pour les jaunes.. Le site est à la fois une merveille naturelle et architecturale. Le soleil tente de se frayer un chemin, tamisant la lumière, l’air est doux.
Les grès des rochers découpés, sculptés, charpentés, modelés par les vents et le sable sont d’une beauté fantastique
Presque tout le long des parois, une canalisation et de petites niches rendant hommage à diverses divinités.
Cette avance dans le défilé est magique, émouvante. Je suis ravie qu’il n’y ait que très peu de touristes.. Le silence est surnaturel et impressionnant.
Et au détours du siq, le trésor, le tombeau le plus célèbre de Pétra apparaît.. Même si elle est attendue, après une demie heure de marche, la découverte en est époustouflante et sidérante : Al-Khazneh.
Al-Khazneh, le trésor de Pétra
J’ai une pensée émue et complice pour Jean Louis Burckhardt, l’explorateur suisse et n’ai aucune peine à imaginer son exaltation lorsqu’en 1812, il arriva là où je suis et sortit de l’oubli la belle endormie. Depuis le 6 décembre 1985, le site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. La zone autour du site est, depuis 1993, un parc national archéologique.
Notre guide nous conseilla de nous asseoir et d’admirer, de graver ses images.
Nous sommes restés quelques temps, en admiration devant ce chef d’oeuvre de 43 mètres de haut, 30 m de large, d’inspiration gréco- romaine, entièrement creusé dans la roche qui, en fait, ne possède rien de nabatéen.
L’intelligence des Nabatéens est ici également remarquable : ils se sont montrés très ouverts d’esprit en associant ce qui est beau. Les colonnes sont corinthiennes, la statue d’Isis est un élément égyptien et le tholos, le disque solaire du fronton, les bas-reliefs des deux Dioscures – chargés d’accompagner les âmes des mort–X, Castor et Pollux, fils de Zeus, sont romains. Les archéologues se sont interrogés : est-ce un temple, un tombeau funéraire ou un mausolée royal ? Ils s’accordent à dire qu’il s’agit du tombeau royal d‘Arétas IV (début du 1° siècle).
Al- Khazneh ou « trésor du Pharaon » : Une légende locale voulait qu’un pharaon ait caché son trésor dans l’urne de 3,5 m qui chapeaute le petit temple central. On distingue des impacts de balles sur l’urne, témoignages que certains n’ont pas hésité à tenter de la fracturer afin de s’emparer du trésor. En vain, l’urne n’est point creuse, mais faite entièrement de roche..
L’intérieur n’est plus accessible au public. Nous n’en voyions qu’une partie émergée mais les archéologues travaillent encore à des fouilles souterraines.
Cette expérience à couper le souffle, continue.
(1) Aaron, le frère de Moïse et de Miriam, mourut en Jordanie et fut inhumé à Pétra au mont Hor, rebaptisé « Jabal Harun » en arabe (mont Aaron).