Certains hommes sont connus pour être des taiseux. Pourquoi les hommes sont-ils moins bavards que les femmes ? Et si c’était une histoire de gène ?
Sur mes bulletins de primaire, mes instituteurs et institutrices – je vous parle d’un temps où les enseignants n’étaient pas des professeur(e)s des écoles – écrivaient « Beaucoup trop bavarde », « Encore beaucoup de bavardages »… ou autres appréciations de ce style.
Et bien, la preuve est faite aujourd’hui que ce n’était pas de ma faute ! Combien de rodomontades, de retenues, de privations de récréation, ai-je reçus à ce titre ? Et ces bavardages dont j’étais accusée – je me souviens que je parvenais à faire papoter les plus silencieux/ses, au grand dam de Monsieur B. qui ne savait plus où me placer – étaient simplement dus au fait que je fusse née fille.. et que j’avais plus de choses à dire.
Bavard ou bavarde ? Une question de génétique
Prs J. Michael Bowers, Margaret McCarthy, scientifiques américains de l’Université du Maryland ont publié la semaine dernière dans The Journal of Neuroscience, une étude mettant en évidence une explication biologique à ce comportement. Comme chez toutes les filles, le gène Foxp2, connu depuis 2001,(1) la bien nommée« protéine du langage » par les chercheurs, est en plus grande concentration dans mon cortex gauche, dans ma zone de Brodmann 44. « FOXP2 est l’un des premiers gènes directement liés à la langue des êtres humains», a déclaré J. Michael Bowers. Elle serait présente en plus grande concentration chez les femmes que chez les hommes
Il est connu depuis longtemps que les filles, en moyenne, ont tendance à développer des compétences linguistiques plus tôt et plus rapidement que leurs homologues masculins. Les recherches de l’équipe du Maryland ont débuté avec des rats et des chiots et le constat avait été fait que les chiots et rats mâles possédaient un niveau plus élevé de FOXP2 dans le cervelet, l’amygdale, le cortex et le thalamus et qu’ils produisaient plus de cris que les femelles lorsqu’ils étaient séparés de leur mère. Est-ce à dire que les ratons auraient génétiquement une meilleure stratégie pour obtenir des soins de leur maman plus rapidement ? Pas de mesquinerie, ils sont plus fragiles ! Les chercheurs ont évoqué cette hypothèse.
« Nous voyons que FOXP2 s’exprime différemment chez les bébés rats mâles et femelles ainsi que dans un petit nombre de sujets humains » a déclaré Michael Bowers. « Cela pourrait être une des raisons pour lesquelles les filles parlent plus tôt et développe un vocabulaire plus complexe que les garçons du même âge. » Ajoute Mc Carty. Par rapport aux jeunes garçons, les filles possèdent 30% de FOXP2 enplus dans la zone clé du langage.
Catherine Griffin rapporte : « Des recherches antérieures ont montré que les femmes parlent presque trois fois plus que les hommes. En fait, une femme moyenne utilisent jusqu’à 20.000 mots par jour, ce qui est environ 13.000 de plus que l’homme moyen. En outre, les femmes parlent généralement plus rapidement et consacrent plus de matière grise pour parler.» (3)
Cette étude prouve que le cerveau des filles possède un câblage génétique différent qui les prédispose à parler plus et mieux .
Je ne souhaite pas polémiquer sur la supériorité du cerveau des femmes et des hommes.. Assumons notre altérité. Nous sommes différents et c’est très bien. Ce qui est intéressant, c’est que cette étude puisse aider à comprendre les mutations des gènes dans le cerveau pour des maladies comme l’autisme qui touche plus les garçons.
Iconographies: )- Camille Claudel (1864 -1943) Les Causeuses ou Les Bavardes 1897Marbre-onyx, BronzeH. 45 cm ; L. 42,2 cm ; P. 39 cm S.1006
Sources: (1) Forkhead box protein P2 also known as FOXP2 is a protein that in humans is encoded by the FOXP2 gene, located on human chromosome 7 (7q31, at the SPCH1 locus). FOXP2 orthologs have also been identified in all mammals for which complete genome data are available. – See more http://www.citelighter.com/science/science/knowledgecards/foxp2#sthash.akRPEXeX.dpuf (2) Foxp2 mediates sex differences in ultrasonic vocalization by rat pups and directs order of maternal retrieval. The Journal of Neuroscience 33(8):3276-3283 (3) Catherine Griffin, « Pourquoi les femmes parlent plus que les hommes: Protéines Langue Uncovered », Science World Report 20/02/2013