La poésie, un outil de développement personnel ? Un poème peut-ils métamorphoser notre vie ? Est-il possible que des changements favorables se fassent à notre insu ?
« Manger plus de fruits et légumes », « M’inscrire à un cours de dessin « , « Ne plus remettre à demain ce que je pourrais faire tout de suite », « appeler nos parents chaque semaine ».. Cela vous dit quelque chose ? Oui, oui.. Les bonnes résolutions du début d’année ! Chaque premier janvier, beaucoup d’entre nous se/nous promet/tent autour d’un verre de champagne que cette année, il/elle sera lui/elle en mieux !
Je fais fi des bonnes résolutions depuis 2015, c’est encore un peu d’actualité en 2016. Mais, incorrigible, je suis. Cette année, j’ai décidé de me tourner vers la poésie, de me nourrir de ces jolis textes, et que ce qui seraient des résolutions se fasse tout seul. pensée magique ? Peut-être.
La psychanalyse et la poésie ont un point commun : proposer un voyage dont nul ne peut connaître les étapes à l’avance.
Les bonnes résolutions doivent être stimulantes afin de ne pas devenir des points de frustration si elle ne sont pas réalisées en cours d’année et surtout être stimulées tout au long de l’année. Quoi de mieux que des poèmes en guise de piqûre de rappel ? La beauté est source de bonheur.
Rainer Maria Rilke écrivait : « Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l’accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses. »
Pour savourer Le carpe diem (cueille le jour) qui invite à profiter du moment présent, à suivre les pulsions de sa nature mais sans excès avec équilibre et raison.
Mignonne, allons voir si la rose de Pierre de Ronsard
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Pierre de Ronsard, Les Odes
Carpe Diem encore, Pour se souvenir de communier avec la nature et oublier ses tourments s’il y en a.
Conseil de Théodore de Banville
Eh bien ! mêle ta vie à la verte forêt !
Escalade la roche aux nobles altitudes.
Respire, et libre enfin des vieilles servitudes,
Fuis les regrets amers que ton cœur savourait.
Dès l’heure éblouissante où le matin paraît,
Marche au hasard ; gravis les sentiers les plus rudes.
Va devant toi, baisé par l’air des solitudes,
Comme une biche en pleurs qu’on effaroucherait.
Cueille la fleur agreste au bord du précipice.
Regarde l’antre affreux que le lierre tapisse
Et le vol des oiseaux dans les chênes touffus.
Marche et prête l’oreille en tes sauvages courses ;
Car tout le bois frémit, plein de rhythmes confus,
Et la Muse aux beaux yeux chante dans l’eau des sources.
Théodore de Banville, Les Cariatides (1842)
Vivre l’instant et profiter chaque matin de nos 86400 secondes de vie quotidienne. C’est accepter de se laisser surprendre par soi-même, par les rencontres et les opportunités.
Saisir l’instant d’Esther Granek
Saisir l’instant tel une fleur
Qu’on insère entre deux feuillets
Et rien n’existe avant après
Dans la suite infinie des heures.
Saisir l’instant.
Saisir l’instant. S’y réfugier.
Et s’en repaître. En rêver.
À cette épave s’accrocher.
Le mettre à l’éternel présent.
Saisir l’instant.
Saisir l’instant. Construire un monde.
Se répéter que lui seul compte
Et que le reste est complément.
S’en nourrir inlassablement.
Saisir l’instant.
Saisir l’instant tel un bouquet
Et de sa fraîcheur s’imprégner.
Et de ses couleurs se gaver.
Ah ! combien riche alors j’étais !
Saisir l’instant.
Saisir l’instant à peine né
Et le bercer comme un enfant.
A quel moment ai-je cessé ?
Pourquoi ne puis-je… ?
Esther Granek, Je cours après mon ombre, 1981
Pour avancer et ne jamais avoir de regret : Adhérer aux décisions d’aujourd’hui ou alors en tirer une leçon pour le futur et/ou en profiter pour réparer.
Regrets de Esther Granek poétesse belge francophone.
Tu vois,
Un jour est passé.
Quel beau jour c’était !
Mais tu l’ignorais.
Tu vois,
Bien qu’à ta portée,
Tu l’as laissé là
Car tu ne savais.
Tu vois,
Ce jour-là s’offrait.
Fallait lui parler.
Et qu’en as-tu fait ?
Tu vois,
Il resta muet
et terne d’aspect
comme tant de journées.
Tu vois,
Fallait l’inviter.
Fallait le bercer
Et t’y réchauffer.
Tu vois,
Fallait t’y lover
Et t’en imprégner.
Il t’appartenait.
Tu vois,
Il s’en est allé
Et trop tard tu sais
Qu’il ensoleillait.
Tu vois,
Un jour est passé.
Et tu regrettas.
Quel beau jour c’était !…
Esther Granek, Ballades et réflexions à ma façon, 1978
Ceci est un petit échantillon de mes booster. Je puise dans divers recueils, et sur le net, chez POESIE FRANCAISE, le site de poésie qui existe aussi en appli App Store– AppStore– Google Play– Google Play. Elle n’est pas belle la vie ?
Aimez-vous la poésie ? Pensez-vous qu’elle nourrisse ? Je vais certainement en faire une rubrique régulière.. Oh ! Une résolution..
Pour en savoir + sur Estelle Graneck : ICI