Les gens qui se parlent à voix haute sont-ils des fadas. Oh ! pardon ! Vous vous parlez ? Vous pensez à voix haute ? Je soliloque un tantinet mais je me soigne ! Je trouve que cela signale un vieillissement prématuré, n’est-il pas ? De plus, commenter ainsi ses actes, n’offre pas une image de grande confiance : je me souviens d’un praticien qui racontait toujours ce qu’il faisait .. Je vous assure les patientes n’étaient pas très rassurées ! Pourtant, ce dernier lundi, j’effectuais quelques rangements dans mon bureau, et tout à coup notre elfe de maison passe son nez et me demande si je suis seule ! L’audacieuse ! Mon sang ne fit qu’un tour. Prise en flagrant délit de je-me-parle-à-moi-toute-seule ! J’ai honte ! Dépitée, je lui affirme que oui. Se parler à soi-même est-il grave ? J’aime les synchronicité, vous le savez. Dans la journée, je découvre un article qui comme l’homme, tombe à pic ! Des conclusions d’étude qui me rassurent. Vous allez voir pourquoi.
Se parler à soi même à soi-même ou parole intérieure
Il est certain que se parler à soi même peut être signe d’une pathologie psychiatrique. Mais dans la plupart des cas, cela revient à s’accompagner soi-même : nous nous parlons tout haut lorsque notre action nécessite de la vigilance, de la précision. Parfois, je m’encourage à la manière de Rafa. Je me dis « Vamos ». D’autres fois, je me surprends à me dire « Allez, je file arroser les fleurs ». Je ne suis pas très inquiète de ce monologue intérieur exprimé à voix haute, j’ai d’autres chats à fouetter, mais tout de même. Selon ses biographes, Albert Einstein se parlait à lui-même lorsqu’il était seul. Même les scientifiques se parlent à eux mêmes ! Mais, la plupart de gens pensent que seuls les fous se parlent ! Les chercheurs appellent cela : le discours auto-dirigé ou langage privé. D’ailleurs, cette pratique serait un héritage de l’enfance : regardez ou plutôt écoutez un enfants jouer seul.. il parle beaucoup en jouant, ce que Piaget a nommé le langage « égocentrique ». D’après Live Science, « un discours qui n’a d’autre auditeur que soi-même peut aider à guider le comportement des enfants.».
En 2006, le psychologue Adam Winsler, de l’université George Mason de Fairfax en Virginie, a constaté dans ses travaux que 46 femmes sur 48 admettaient qu’il leur arrivait de murmurer pour elles-mêmes. Ouf, je ne suis pas seule !
Se parler à soi même fait penser plus vite
Dans The Quarterly Journal of Experimental Psychology, en 2015, Daniel Swigley et Gary Lupya ont démontré que le fait de se parler à soi-même était très utile. Et même plus : Les plus intelligents d’entre nous le font.
Ce travail a été inspirée en partie par le propre vécu du chercheur. « Je marmonne souvent à moi-même lors de la recherche de quelque chose dans le réfrigérateur ou supermarché » a déclaré le chercheur Gary Lupyan, psychologue cognitive à l’Université de Wisconsin-Madison.
L’expérimentation s’est déroulée ainsi : premier temps, les participants devaient chercher 20 produits dont on leur avait montré les images, dans un supermarché, d’abord en silence, et dans un second temps, en se parlant à voix haute. Conclusion ? Dans le second cas, le caddie fut plus vite rempli.. Cependant, il y a une condition : il faut se représenter visuellement le produit. Mais attention que cela ne vous encourage pas à clamer haut et fort « Nutella » lorsque vous êtes au supermarché ..
Entendre un mot familier de soi-même stimule le cerveau et aide à traiter l’information plus rapidement.
Il est d’ailleurs fortement conseillé aux personnes étourdies ou ayant des problèmes de mémoire – je n’en suis pas encore – , d’évoquer à voix haute leurs actions car ainsi ils sont plus surs de retrouver les choses. Nous avons tous ce genre de soliloque « Je ne dois oublier d’aller chercher les enfants à 17 h ». Lorsque je pense « Ah je me demande si ce vase va aller avec la couleur des rideaux … » , cette parole intérieure m’aide ainsi à structurer ma pensée. Penser à voix haute aide à matérialiser ce à quoi nous pensons.
Parler seul ne vous rendra pas intelligent sur le champ ! mais en tout cas, une amélioration progressive de notre capacité intellectuelle sera sensible.
Se parler à soi même : un moyen de gérer le stress
Ces « auto-verbalisations », ces paroles que nous nous adressons bravement à nous-mêmes à voix haute ou intérieurement, sont aussi une manière de limiter l’impact du stress. Les chercheurs ont établi que le pronom personnel avait son importance dans la formulation : ainsi m’encourager en disant « Tu vas y arriver » permet d’établir une distance, à prendre un certain recul face à la situation stressante ou à son émotion. Un peu comme si nous encouragions un autre que nous, un ami par exemple.
Se parler à haute voix, peut aussi apporter du soulagement, par exemple lorsque nous tempêtons dans notre voiture après d’autres conducteurs. Cela fait du bien, non ?
Qui n’a jamais été surpris en train de parler tout seul ? Cependant, malgré tout cela, je me surveille afin de ne plus me parler à haute voix..en présence d’autrui.
Source : Talk to yourself ? Why you’re not creasy Live Science – Gary Lupyan, Daniel Swingley discours autogéré affecte les performances de recherche visuelle Le Quarterly Journal of Experimental Psychology . , 2011; 1 DOI: 10.1080 / 17470218.2011.647039
Comme toujours ton article est une merveille ! Cela fait une éternité (je l’avoue à voix basse) que je ne suis pas venue te rendre visite et je m’en excuse aussi je vais essayer d’y remédier. C’est vrai que les vrais silencieux sont rares…Bonne journée et merci pour cet article sérieux qui m’a toutefois fait bien rire en ce lundi matin
hello Manou ! ravie de te revoir sur nos lignes 😉 A très vite