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Sommes- nous tous nomophobes ?

Sommes- nous tous nomophobes ?

2013-05-11Société2644Views
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Un instant d’attente avant que le train ne s’ébranle en emmenant un de mes trésors, balayant du regard le quai de gare, je fus surprise de constater que tous les gens pianotaient sur leur smartphone ! Le chef de gare, les jeunes et moins jeunes dans le TGV, ceux sur le quai… Est-ce une épidémie ? Et bien oui ! «Il y a donc un modèle de contagion ou d’imitation» est la conclusion de l’étude menée par Daniel Kruger de l’Université du Michigan.

Qu’est-ce que être nomophobe ?

Si nous sommes accroc, c’est la faute à nos amis qui ont commencé ! Leurs résultats ont conclu aussi que cette maladie est liée à « l’inclusion et l’exclusion sociale », également connu sous le nom FOMO, l’acronyme de Fear Of Missing Out, la peur de rater quelque chose.  Je m’étais déjà interrogé sur ce sujet.(1)

Pour cette étude, près de deux douzaines d’étudiants divisés en deux groupes, ont été observés « discrètement ». Les chercheurs ont enregistré chaque moment où une personne a utilisé son portable dans les salles de restauration, les cafés autour du campus entre janvier et avril.  Ils ont utilisés leur smartphone en moyenne tous les 15 minutes. Mais de manière significative, une hausse de 40% fut constatée lorsque leurs compagnons venaient d’utiliser leur téléphone au cours des 10 secondes précédentes. Ils ont aussi conclu que nous étions deux fois plus susceptible de faire semblant d’avoir l’air occupé avec son appareil, communiquer via notre mobile ou consulter nos messageries si un de nos compagnons fait de même.. Personne ne veut avoir l’air d’un sans-ami ! L’art du paraître..

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Des chercheurs de l’Université de Baylor et de l’Université de Seton Hall ont montré que les personnes les plus addicts au téléphone portable et aux textos seraient impulsifs et matérialistes, exactement comme les accrocs au shopping. L’étude a été publiée en novembre 2012 dans la revue The Journal of Behavioral Addictions. Selon le professeur Roberts, à l’initiative de cette étude, les téléphones cellulaires « ne sont pas seulement un outil de consommation,  ils sont aussi un symbole de statut social. Ils contribuent également à éroder nos relations personnelles ».

jene-fille-avec-deux-smartphonesLa nomophobie, vous connaissez ? Selon un sondage publié en avril, 42% des Français se disent dépendants de leur téléphone. Ce terme bizarroïde est un raccourci pour « no mobile phobia » –la phobie de l’absence de mobile-, apparu au Royaume-Uni en 2008.  Selon Tomi Ahonen, nous consultons 150 fois par jour notre portable, soit une fois toutes les six minutes trente ! Est-ce votre cas ? Il ne faut que 21 jours pour se sevrer.

Le smartphone est devenu omniprésent : 75% d’entre nous l’utilisent même aux toilettes -91% pour les 28-35 ans. Le précieux est le plus dégainé au lit pour 65 % de sondés, devant la télévision pour 39 % – je comprends ça, les programmes sont parfois sans attrait-, pendant le dîner pour 20 %. Plus inquiétant : 13 % avouent le sortir en étant au volant…

Une équipe s’est également intéressée aux relations nouées par téléphone portable. Il en ressort que 31% des personnes interrogées ont déjà menti par SMS sur le lieu où elles se trouvaient, 20% ont pris un premier rendez-vous galant par SMS et 12% ont rompu leur relation par cet élégant moyen. Sans surprise ! Ceci permet de se montrer moins timide ou plus franc. Un zeste de manque de courage ? Certainement.

Les Smartphones nous soumettent à un déluge d’informations qui requièrent constamment notre attention.

Agitation, troubles de l’attention, notre temps moyen d’attention serait passé en dix ans de 12 minutes… à 5 secondes.(3)

Lors d’une conversation où nous trébuchons sur une connaissance, il existe toujours un comparse qui dégaine l’iPhone pour donner la bonne réponse ou le complément d’information. Que dire des applis qui nous offrent des adresses du meilleur restaurant branché du quartier où nous sommes ? Acheter un billet d’avion, de train.. Tout est possible. Savoir où je suis, connaitre un itinéraire, le plan d’un quartier, les horaires d’ouverture d’un musée sont de celles que j’aurais des difficultés à me passer et qui m’ont changé un peu la vie n’ayant pas le sens de l’orientation. Je sors avec mon BB fort heureusement lorsque je pars me balader en vélo, il m’a déjà évité de me perdre dans la forêt de Haye. A ce propos- petite digression, j’ai  découvert qu’il existe un guide pour se perdre ! Je n’en ai pas besoin, je fais cela très bien toute seule ..

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Je suis une adepte soft du téléphone portable.. Si je suis en compagnie, je le laisse dans son fourreau, voire à la maison, et si je l’emmène, je le laisse dans mon sac, il me sert à appeler, pas à être appelée… au grand dam de mes proches.

La définition d’une communication est d’établir un contact avec autrui. Le Smartphone occasionne une dépendance en terme de « communication ». Il contribue à créer une communication de plus en plus désuète et ténue, et même souvent purement phatique. Nous sommes poussés à utiliser notre téléphone en n’importe quelle occasion – comme appeler pour prévenir nous arriverons à un rendez-vous ….

Et tout le monde a entendu le « T’es où » tonitruant et horripilant qui ne sert à rien. Je suis parfois sceptique lorsque je vois une personne perdue devant une tête de gondole, téléphone en main, interrogeant « Je prends quoi ? À l’ancienne ?? ». Je me demande quel était leur accord de départ ou même s’il y en avait un.

La communication devient donc superficielle car dénuée d’intérêt. Avec un contact partiel, incomplet ou inutile, peut-on encore vraiment parler d’une communication ? Serait-ce alors la conception d’une «communication» qui a évolué ? Pour Phil Marso, (2) auteur en 2004 du premier livre entièrement rédigé en SMS,- il préfère le terme Adikphonia à nomophobe –  « lSmartphone détruit une forme de fantaisie », car « tout est servi sur un plateau et il n’y a plus de spontanéité ou d’effet de surprise, comme trouver un restaurant au fil des rues au lieu de le repérer grâce à une application mobile et s’y rendre directement ». Selon lui, nous sommes en train de « tuer une forme d’inattendu ». Peut-être ! 

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Je suis aussi très triste lorsque je remarque deux amoureux, des ami(e)s qui dînent, sirotent un café sur notre plus belle place d’Europe, voyagent ensemble et qui ne cessent de pianoter sur leurs écrans. N’ont-ils rien à se dire ? Ont-ils peur du silence pourtant qui en dit si long ? Et ceux qui sont seul fuient-ils leur monde intérieur ? Ne prendraient- ils pas plaisir à regarder ce qui les entoure ? à intérioriser ou simplement prendre conscience qu’ils sont là, ici et maintenant ? Dans les files d’attente, pourquoi se jeter sur nos portables ? Ne peut- on pas vivre l’instant présent, ici, et non dans le virtuel, à rechercher à savoir ce que fait Unetelle ou Machin ? Est-ce si important ? 

L’utilisation du téléphone portable contribue à minimiser grandement le rapport qu’entretient l’homme à lui-même, en nous offrant la possibilité de parler à tout le monde à n’importe quel moment.

A l’heure de la société de l’information totale, de la vitesse et de l’immédiateté, du tout connecté, nous perdons notre aptitude à prendre un certain recul, et à réfléchir intelligemment avec réflexion et recul. Le portable aggrave ce mal en empêchant ce « retour sur soi», qui est primordial pour le développement de chacun. Jon Kabat-Zinn rapporte qu’animant une retraite méditative d’une quinzaine de jours lors des élections présidentielles américaines, il avait laissé le choix aux participants d’en connaitre l’issue avant la fin de la retraite, en mettant l’information sur un papier que l’intéressé devrait retourner afin d’assouvir son besoin de savoir. Beaucoup avait choisi de rester connecté avec lui-même en se disant que rien ne serait différent pour son intériorité qu’il connaisse le nom du nouveau Président après un délai. Cultiver la patience et l’essentiel est aussi un atout de la pleine conscience.     

Je me demande si pendant que nous sommes en train de jouer au golf, au cours de yoga ou au cinéma et que quelqu’un nous appelle pour un rien, si cela ne devrait pas être considéré comme une forme de violence verbale ? 

Je ne suis pas du tout technophobe. Et comme le professeur Kruger, je pense des  smartphones qu’ «Ils peuvent être une technologie merveilleusement utile, mais il faut les utiliser avec plus de soin pour s’assurer qu’ils n’interfèrent pas avec nos relations sociales. » 

Mes amis me pardonneront d’aboutir si souvent sur ma messagerie.. Je préfère le live.

SOURCESA preliminary investigation of materialism and impulsiveness as predictors of technological addictions among young adults JAMES A. ROBERTS and STEPHEN F. PIROG, IBaylor University, Hankamer School of Business, Marketing Department, Waco, TX, USA, Stillman School of Business, Seton Hall University, South Orange, NJ, USA  (1) Le syndrome 2.0  (2) Il est aussi l’organisateur des Journées mondiales sans portable (3) De quelle manière les médias sociaux agissent sur notre cerveau? Geeks and com’

 

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Apprentie-sage, à la fois frivole et mystique, lègère et spirituelle , gourmande et orthorexique, férue de nutrition, en recherche de sagesse

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