La saison de « mon » chœur féminin a débuté depuis quatre répétitions. Notre chef de chœur a choisi de débuter par le chœur des enfants de Turandot, l’ultime chef d’oeuvre de Puccini. En effet, sa mort a interrompu la composition de l’opéra qui fut complété par Franco Alfano. Turandot est l‘histoire d’une cruelle princesse chinoise qui découvre l’amour après avoir fait tomber les têtes. Ce n’est pas une histoire pour les enfants, j’en conviens.
Orientalisme de la fin du XXème siècle
L’Occident est fasciné par les civilisations exotiques de l’Orient. Après les guerres de l’opium et le conflit sino-japonais, la Chine de l’empereur Guangxu est contrainte de s’ouvrir aux pays étrangers, tant sur le plan économique, politique que religieux. Mais cette réforme des cent- jours menée par l’empereur n’est pas du tout du goût de sa tante, la terrible impératrice de l’Est CiXi qui l’a mis sur le trône. Elle va user de tous ses appuis pour interrompre ces avancées. En 1900, La révolte des Boxers, sorte de société secrète chinoise du Yihetuan, « Poings de justice et de concorde » pousse des Chinois à massacrer des milliers d’étrangers, des missionnaires, et même l’ambassadeur d’Allemagne. Ce qui bien sûr amène les Européens à considérer la Chine comme un pays de barbares. Un corps expéditionnaire européen déjà sur place mate la révolte en envahissant Pékin, la cité interdite, et Cixi s’enfuie avec sa cour.
L’opéra Turandot de Giacomo Puccini est donc un reflet de l’intérêt pour la culture chinoise, en ce début du XXéme siècle. G. Puccini lut de nombreux livres concernant la culture et les cérémonies de la Chine. Il trouva de vrais airs populaires chinois qu’il utilisa dans l’opéra.
Par exemple, Mòlìhuā Fleur de jasmin, 茉莉花, est une célèbre chanson folklorique chinoise écrite au XVIIIème siècle sous la dynastie Qing. La mélodie devint célèbre aussi en Europe lorsqu’elle fut incluse dans cet l’opéra de Giacomo Puccini « Turandot », où elle est associée à la splendeur de la princesse. Cette chanson est citée à plusieurs reprises : l’Acte I ♫ Un chœur d’enfants chante cette mélodie afin de louer (= glorifier) la princesse Turandot et ♫ La férocité de la foule se change en pitié en voyant le jeune prince de Perse, conduit à l’échafaud. La mélodie est jouée par les cuivres. révolt
Il utilisa également la gamme pentatonique – gamme composée de cinq notes des touches noires – pour créer le son « oriental», ainsi que de juxtaposer des accords majeurs et mineurs.
Intrigue de « Turandot »
Puccini surveillait de très près les librettistes car il souhaitait qu’ils écrivent « quelque chose qui fasse pleurer le monde ».
Dans une Chine médiévale imaginaire, la cruelle Princesse Turandot (soprano), dont la beauté est légendaire, veut venger sa grand-mère rendue muette par son époux. Elle attire à Pékin de nombreux prétendants qui doivent se soumettre à une terrible épreuve :
– S’ils élucident trois énigmes que leur propose la princesse, ils gagnent la main de celle-ci ainsi que le trône de Chine.
– S’ils échouent, c’est la décapitation qui les attend.
Au même moment, Calaf (ténor) qui se fait passer pour un prince inconnu arrive à Pékin et retrouve par hasard son père devenu aveugle (le roi de Tartarie en exil) et Liu une esclave amoureuse de lui. Ce prince inconnu condamne la barbarie de la Princesse Turandot mais finalement en tombe amoureux. Il décide donc de se porter candidat aux énigmes au péril de sa vie… Il résout les trois énigmes. Turandot est prise à son propre piège : Calaf propose de la libérer de son engagement si elle trouve son nom. Au final, il le lui révèle mais, amoureuse à son tour, elle l’épouse.
Notre partition de Turandot
Dans cet opéra, il y a un chœur d’enfants. J’ai appris à cette occasion qu’un chœur d’enfant s’appelait aussi une maîtrise. Il chante une chanson populaire chinoise en italien Mo Li Hua. C’est cela que nous travaillons. Le chœur des enfants étant facilement tenu par des sopranos. Les alti du groupe feront playback pour les notes qu’elles n’atteignent pas… la difficulté étant de reprendre au bon moment la note suivante..
Ecoutez un extrait ?
Ce chant, chœur de jeunes garçons, est la métaphore des sentiments du héros Calaf qui attend l’amour de la princesse Turandot. J’aime beaucoup cet air chinois. Et synchronicité, je viens de finir une relecture de Pearl Buck avec entres autres, l’Impératrice qui raconte l’histoire de CiXi… Les synchronicités, j’adore ça. Une preuve s’il en est que je suis à la bonne place.
Le lien entre les arts
Il n’y a pas que Puccini qui se prit de passion pour l’Asie en ce temps-là.
Écoutons Debussy, grand admirateur de la Chine et du Japon avec « Les pagodes », extrait des estampes en 1903, ou « Brouillard » extrait du deuxième livre des préludes. Et de Mahler « Le chant de la Terre » n°1 et 6 ( sur des poèmes chinois d’après La Flûte chinoise de Hans Bethge. ) en 1907.
Aimez-vous cet opéra ?
Enjoy.
J’écoute avec plaisir cet opéra orientalisé. Bonne saison